C’est avec cette volonté que la Ligue de l’enseignement a clôturé la commémoration de ses 150 ans d’existence à l’occasion de son Congrès réuni à Strasbourg en juin dernier.
Les ligueurs sont particulièrement concernés par les difficultés grandissantes que traverse notre société, ils ont conscience que ces crises sociales et économiques sont les conséquences d’une mutation inexorable des modes de développement sociétaux, mal ou pas appréhendée par les dirigeants politiques. Se souvenir des principes qui ont jalonné l’action de la Ligue de l’enseignement depuis 150 ans, nous permettra peut-être d’accompagner l’émergence d’un nouveau monde, où les rapports entre les pouvoirs publics, le marché et la société civile organisée, seront apaisés et confiants.
Promouvoir l’engagement associatif au service de l’intérêt général et de l’utilité sociale, former des citoyens actifs et organiser la société civile, reste notre ambition principale. Transmettre le témoin aux générations montantes, comme vient de le faire brillamment Jean-Marc Roirant après 23 ans d’exercice, à Nadia Bellaoui, nouvelle Secrétaire Générale de la ligue de l’enseignement, renforce le fonctionnement démocratique de notre mouvement pour préparer l’avenir.
Profondément touchés par les attentats dramatiques survenus en France, nous n’en sommes pas moins consternés par les réactions d’une partie de la classe politique au sujet des relations avec nos concitoyens musulmans. Il nous semblait important depuis janvier 2015 de ne pas verser dans l’autoritarisme qui porte atteinte aux droits de l’Homme et favorise l’accomplissement du dessein des terroristes : combattre les états de droit pour éradiquer les espaces de liberté.
C’est dans cet état d’esprit que les militants de la Ligue de l’enseignement se satisfont de la décision du Conseil d’Etat qui, au nom de la liberté de circuler, de se vêtir et même d’exprimer ses convictions religieuses sur la place publique, annule les arrêtés pris par certains élus locaux, cherchant à interdire la baignade aux femmes vêtues d’un Burkini.
Ne confondons pas l’espace public et la République, refusons les amalgames entre l’expression des convictions sur la place publique et la mise en danger d’autrui, dénonçons la récupération de ces questions sociétales à des fin électorales. Nous attendons une attitude responsables et raisonnables des gouvernants actuels (ou des futurs gouvernants…) car dans cette jungle mondiale, exacerber la compétitivité engendrera la guerre et peut-être le chaos.
Dans l’interview intitulé : « la Laïcité c’est l’art de ne pas s’entretuer », qu’il a accordé au journal de la Ligue « Les idées en mouvements », Régis Debray explique que : « Ce n’est pas parce qu’on affirme son identité qu’on nie celle des autres… ». Je vous invite à le lire pour nourrir les débats que nous ne manquerons pas de vous proposer dans les mois qui viennent.
A la Ligue de l’enseignement, nous nous souvenons que débattre c’est comprendre et comprendre c’est commencer à désobéir aux monstres qui pourraient apparaître dans le clair obscur de cette période de transition. (c/f : citation de A. Gramsci, édito de la newsletter de Juillet 2016)
Pour cette rentrée 2016, on ne lâche rien !
Eric Forti
Secrétaire Général