Lancées par le ministre de l’Éducation nationale en juin, les vacances apprenantes ont mobilisé tant les communes que leurs partenaires et les services déconcentrés de l’État pour faire partir, et aussi faire travailler, les enfants des quartiers populaires cet été. Opérateur historique majeur de colonies de vacances, la Ligue de l’enseignement a ouvert son riche catalogue aux communes du Val-d’Oise.
Villiers-le-Bel et Persan ont ainsi envoyé des dizaines d’enfants à la mer ou à la campagne, dans des centres Vacances pour tous, de la Ligue. Le financement de l’État, jusqu’à 80% des frais pouvant aller jusqu’à 500 € pour sept jours, a permis un reste à charge quasi symbolique pour les familles. Outre le travail des services, les villes ont également fourni un effort financier.
Le bilan national n’a pas encore été tiré. Mais quoiqu’en dise Jean-Michel Blanquer, l’objectif initial quantitatif n’a pas été tout à fait atteint. Cela explique que l’enveloppe n’ait pas été entièrement consommée. Une bonne aubaine saisie par la préfecture du Val-d’Oise. Dans la déclinaison départementale du nouvel appel à projets national, à l’intention des collectivités locales et des opérateurs de colonies, elle prolonge le dispositif jusqu’aux vacances d’hiver de février 2021 ! Pour faire profiter leurs familles de ces colonies apprenantes, les communes ont jusqu’au 10 octobre pour candidater auprès de la direction départementale de la cohésion sociale.
De Villiers-le-Bel à la Normandie
Pêche à pied, cerfs-volants, jeux de société, ateliers… Aissé, 5 ans, était ravie de son séjour chez Les Curieux de nature, à Gouville-sur-Mer. La petite fille fait partie de la soixantaine de Beauvillésois à avoir goûté aux découvertes des colonies apprenantes de la Ligue de l’enseignement. Ses parents s’étaient précipités au guichet de la mairie de Villiers-le-Bel dès l’annonce de ce programme. Le grand frère n’a pas eu de place avec Aissé. Mais il a pu partir à Thuit-de-l’Oison, le 2e centre Vacances pour tous avec lequel la commune a passé contrat.
L’engouement des familles a poussé l’équipe du maire Jean-Louis Marsac à demander à la Ligue 95 un doublement des capacités initiales. Le succès de ces vacances collectives est lié à la rencontre de trois acteurs.
- Le Gouvernement a débloqué des crédits conséquents.
- La ville a mobilisé ses services éducatifs, sportifs, culturels et politique de la ville pour élaborer un programme estival exceptionnel.
- La Ligue 95, partenaire de longue date de l’équipe municipale a su se montrer réactive en proposant des modules quasi sur mesure avec les centres Vacances pour tous.
Forte de sa longue expérience des quartiers populaires, la maire-adjointe chargée de la politique de la ville, Mariam Cissé-Doucouré exprime un souhait : faire renaître les colos ! Le ministre a lui-même déclaré à la rentrée : c’est une nouvelle étape dans les colonies de vacances pour en renouveler le concept.
La Covid-19 aurait-elle au moins un mérite ? Remettre en selle le rôle de l’éducation populaire dans la construction citoyenne et collective de l’enfant. Les colonies de vacances, tombées en désuétude, supplantées par des concepts, disons plus marketing, vont peut-être redorer leur blason au-delà de l’initiative des vacances apprenantes…