Alors que le Gouvernement a budgété 868 millions au total* pour accueillir 345 000 jeunes en service civique cette année, comment fonctionne le dispositif à la Ligue 95 ? 83 jeunes ont été accueillis par la fédération en 2020, dans le cadre de l’agrément national de la Ligue de l’enseignement pour 4 000 missions. Rappelons que ce dispositif, ouvert aux 16-25 ans, leur offre la possibilité d’effectuer une mission d’intérêt général dans une association, une collectivité locale ou un service de l’État, contre une indemnité mensuelle de 580 €.
Hormis deux jeunes, ces 83 volontaires n’ont pas réalisé leur mission à la Ligue 95, mais ont été mis à disposition des associations affiliées. Voir nos reportages 2020 ici. Cette intermédiation garantit le statut de volontaires en service civique mais aussi la pertinence et la qualité de l’engagement. Il permet à de petites structures de se reposer sur la Ligue 95, après une définition en commun de la mission, pour la mise en place, le suivi administratif, l’évaluation et la formation des tuteurs comme des jeunes volontaires.
L’enjeu de l‘encadrement
Les volontaires se voient proposer deux journées de formation, centrées sur la vie civique, la citoyenneté, les associations, la laïcité, la lutte contre les discriminations. Ils sont également invités à des temps d’échanges trimestriels, de travail en commun, de rencontre avec d’autres associations.
La majeure partie des volontaires suivis par la Ligue 95 ont entre 19 et 21 ans. La plupart ont le bac, certains sont étudiants, tandis que d’autres sont à la recherche d’une école ou d’un emploi. 80 % de leurs missions sont relatives au sport – valorisation de la citoyenneté, mise en place de nouvelles pratiques, féminisation – ou à la culture – accès pour tous, participation des habitants. Les autres missions portent sur le numérique et la citoyenneté, l’environnement et le lien social avec des actions auprès des publics fragiles. Durant huit mois en moyenne, les volontaires sont accueillis dans les associations pour 24h hebdomadaires minimum.
Quant aux tuteurs, la Ligue de l’enseignement Île-de-France a assuré la formation de 52 d’entre eux. À noter, 20 dirigeants de la fédération française de foot ont été formés à Clairefontaine par la Ligue 95, au titre du confédéral, pour devenir tuteurs. L’opération doit se renouveler en 2021.
Engagement, mission, emploi…
Aujourd’hui le risque du dévoiement du service civique en emploi est avéré. La dérive concerne au premier chef les services de l’État. Alors, les 100 000 missions supplémentaires figurant dans le plan de relance interrogent sur les capacités d’absorption des organismes d’accueil, en particulier les services de l’État et ses établissements publics. Lors des discussions parlementaires sur la loi de finances, fin 2020, des députés appelaient l’agence du service civique à veiller sur la qualité des missions. Et le Sénat alertait sur la formation des tuteurs. Il appelait « l’ensemble des structures accueillant des volontaires à privilégier les formations issues de l’appel d’offres lancé par l’agence du service civique ». C’est la Ligue de l’enseignement, avec Unis-cité qui ont été retenus pour ce marché.
Pour assurer la conformité des missions à leurs objectifs, se trouvent également en jeu les moyens dévolus aux services déconcentrés de l’État. Jusqu’à présent, le Val-d’Oise manquait cruellement de conseillers éducation populaire et jeunesse.
La Ligue développe aussi une plateforme de communautés qui a vocation à dépasser le seul service civique. Nous vous reparlerons de Lets’hub, c’est son nom, à la fois espace de suivi des référents associatifs, de valorisation des compétences des jeunes et de bourse d’opportunités territoriales.
L’État s’est fixé des objectifs ambitieux pour le service civique et compte sur la mobilisation des associations, qui accueillent les 2/3 des volontaires. Mais, au-delà des discours de Sarah El Haïry, secrétaire d’État à l’engagement des jeunes, le Gouvernement doit comprendre que le mouvement associatif ne pourra contribuer à la réalisation de ces objectifs que si on lui confère des moyens durables à la hauteur de cette ambition.
* 505 millions dans le budget jeunesse et vie associative pour 245 000 jeunes et 363 millions dans le cadre « un jeune, une solution » du plan de relance, pour 100 000 de plus.