L’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre nous replonge dans l’horreur et la colère de 2015. À la crise sanitaire Covid-19, s’ajoute désormais l’angoissant questionnement sur les causes de cet attentat, qui révèle des dysfonctionnements inquiétants, lesquels et pourquoi ? L’éducation n’est pas un combat, mais une mission de longue haleine. Pour réussir, elle doit mobiliser tous les acteurs éducatifs: parents, enseignants, animateurs, responsables institutionnels, élus locaux. Le rôle de l’Éducation nationale est d’animer cette communauté éducative, épaulée par les mouvements d’éducation populaire comme la Ligue de l’enseignement.
Les initiatives du Gouvernement ne sont pas à la mesure des déchirures de notre société. La surenchère des interventions médiatiques ne doit pas masquer ce que nous dénonçons depuis des années. Le service public d’éducation se détériore. Il renforce paradoxalement les inégalités qu’il prétend combattre, laissant un boulevard aux marchands du temple, de toutes obédiences. Les associations d’éducation populaire, déjà à la peine, avant la crise sanitaire, sont maintenant en mode survie.
Nous doutons de l’efficacité d’une énième réforme des programmes scolaires sur l’histoire des religions et de nouvelles chartes d’engagement. Et nous redoutons les conséquences d’un renforcement de la répression.
Je vous invite à puiser dans nos offres de formation et d’animation bâties autour de la citoyenneté, du respect des différences, de la laïcité afin d’ériger ensemble un rempart contre la barbarie. Dans le même temps, nous interpelons les pouvoirs publics pour qu’ils donnent aux associations les moyens d’agir auprès des enfants et des jeunes, dans les quartiers populaires, dans les centres de loisirs, les salles de spectacle et de sports pour faire société ! N’incantons pas les valeurs la République, rendons-les vivantes pour toutes et tous.
Éric Forti
Secrétaire général de la Ligue de l’enseignement du Val-d’Oise