Sylvie Boulanger-Bouffin et Bruno Devoize- Canton de Taverny

1- Quelle école voulons-nous pour demain ?

Une école mixte

Le CD doit s’impliquer davantage dans la définition de la carte scolaire, en lien avec les communes, pour aboutir à davantage de mixité sociale au sein de l’école. Il doit gérer les dérogations scolaires avec davantage de rigueur et d’équité. Il doit également se préoccuper des conditions d’accès, d’accueil et d’accompagnement des élèves issus des familles en difficulté : gratuité des transports scolaires, adoption de tarifs différenciés allant jusqu’à la gratuité de la cantine scolaire, accompagnement des élèves en difficulté pour travailler après le temps scolaire.

Une école laïque

La laïcité est en même temps la liberté de conscience, le respect des opinions (notamment religieuses qui doivent s’exprimer dans la sphère privée) et le vivre ensemble. Elle est effectivement le ciment de notre société française. Elle devrait faire l’objet d’une formation à part entière de tous les enseignants et de tous les membres de la communauté éducative pour qu’ils soient en mesure de l’aborder, de la faire comprendre et de la faire vivre à leurs élèves. Elle ne doit pas forcément faire l’objet d’un enseignement spécifique au collège, elle doit davantage traverser l’ensemble des actions éducatives sous la vigilance permanente des adultes.

Une école émancipatrice

Le conseil départemental doit aider et subventionner les projets éducatifs ayant pour finalité de favoriser l’ouverture sur le monde, la découverte et le respect des différences, l’apprentissage des attitudes solidaires, le vivre ensemble.

L’égalité d’accès au système éducatif public

La gratuité

Le principe de gratuité est essentiel. Il doit se traduire par une amélioration des conditions d’accès, d’accueil et d’accompagnement des élèves issus des familles en difficulté : gratuité des transports scolaires, application de tarifs différenciés allant jusqu’à la gratuité de la cantine scolaire, accompagnement spécifique des élèves ayant des difficultés à travailler à la maison et soutien logistique et/ou financier aux activités pédagogiques culturelles (sorties, voyages). L’affirmation du principe de gratuité doit également s’accompagner d’une refondation complète de l’école de la République pour qu’elle puisse jouer son rôle d’ascenseur social : formation des enseignants, réactualisation et redéfinition des programmes, revalorisation du métier d’enseignant pour le rendre plus attractif.

Scolarité et Handicap

Les élèves handicapés sont avant tout des élèves à part entière. Ils doivent être accueillis et suivis dans des conditions qui leurs permettent d’étudier le mieux possible. Lorsqu’elle est possible et souhaitée, la scolarisation des élèves en milieu ordinaire est essentielle pour eux-mêmes, mais aussi pour les autres élèves qui s’ouvrent ainsi sur la différence. L’accessibilité doit faire l’objet d’un plan départemental et pluriannuel de réhabilitation des établissements et des équipements.

Si le Conseil Départemental dispose pleinement des leviers pour adapter les établissements, pour la mise en accessibilité du cadre d’accueil des élèves handicapés, les professionnels encadrants sont essentiels pour accompagner les élèves et seconder les enseignants, qui ne sont pas forcément disponibles pour les cas particuliers.

Education Prioritaire

Nous sommes favorables à la mise en place d’une politique différenciée afin de résorber les inégalités. Aussi le CD doit s’impliquer, davantage en lien avec les communes et avec l’ensemble des partenaires de la communauté éducative, dans la constitution de cette carte de l’éducation prioritaire, et plus généralement dans la définition de la carte scolaire.

Soutien Scolaire

Les sociétés commerciales de soutien scolaires sont réservées aux familles qui ont les moyens d’y inscrire leurs enfants : cette solution est antidémocratique et ne fait la plupart du temps qu’accroître les inégalités et les stigmatisations. C’est à l’Education Nationale d’organiser le soutien scolaire, en ciblant elle-même les élèves qui en ont besoin. D’autant qu’il est induit par les textes qui stipulent que la répartition des moyens du service public de l’éducation doit tenir compte des différences de situation, notamment en matière économique et sociale.

La Vie scolaire

La restauration scolaire : Envisageriez-vous le déploiement sur l’ensemble des collèges, d’une cuisine de production  intégrée?

Le service de restauration scolaire doit être un service public intégré de l’Education Nationale. L’alimentation industrielle engendre un problème de santé public à long terme, une mal nutrition des élèves et un grand gachis de denrées.

Que proposez-vous pour améliorer l’alimentation dans les collèges, les conditions d’hygiène et de sécurité liées à la préparation voire au transport  de la nourriture?

Nous proposons de favoriser les circuits courts d’acheminement des denrées, les fournisseurs en bio, ainsi que la préparation des repas effectuée sur place par des cuisiniers professionnels : en résumé une relocalisation à échelle raisonnée.

 Que proposez- vous pour que les restaurants des collèges deviennent des lieux de vie, de rencontre, de convivialité et d’éducation nutritionnelle ?

La convivialité paut s’apprendre par un contact réel entre les professionnels qui préparent et servent les repas et les élèves. Mettre en place une proximité humaine en opposition à l’industrialisation de l’alimentation. Et pourquoi pas une participation à tour de rôle des élèves ? ce qui permet de prendre conscience et de mieux respecter. L’apprentissage de la bonne alimentation se faisant par le faire, à condition de suciter et d’être volontaire.

L’orientation : Quelle est votre point de vue sur l’utilité des CIO ?

Les CIO jouent un rôle essentiel. Il est de ce point de vue inadmissible de constater que des CIO soient aujourd’hui supprimés au nom d’une soi-disant « réorganisation spatiale » ; il s’agit plutôt d’une recherche d’économies effectuée sur le dos des élèves ! Les élèves et leurs parents ont besoin de jalons.

 Que pensez-vous de la bourse au stage mise en place par le Département pour les collégiens de 3ème ?

Le lien collèges-entreprises doit être de la responsabilité de l’Education Nationale. Le travail effectué par les élèves dans le cadre de leur stage doit être mieux défini et validé par le collège. Le stage a un rôle pédagogique important, il peut suciter une motivation de l’élève, mais il lui faut les moyens de trouver l’entreprise d’accueil qui convient à ses aspirations. Trop souvent l’élève trouve un stage par défaut, à moins qu’il ne bénéficie du réseau familial, encore le déterminisme social.

Santé, médecine scolaire, PMI

Il faut un plan pluriannuel de créations de postes de médecins scolaires. En lien avec les infirmières et les médecins scolaires, l’éducation à l’hygiène et à la santé devrait également être davantage abordée dans les collèges et développée au sein même des programmes.

Les professionnels de l’Education Nationale sont trop peu nombreux pour instaurer des programmes de prévention efficients. Les élèves ont besoin de professionnels référents non enseignants. Psychologues, infirmières, médecins sont présents en pointillé dans les établissements et ne peuvent mener des actions de fond, ils répondent à l’urgence.

Il existe trop peu de transversalités d’actions entre les acteurs médico-sociaux et le monde éducatif, par conséquent le CD doit jouer un rôle de catalyseur.

Quelles sont vos réflexions et vos propositions pour permettre l’application de la circulaire sur l’éducation sexuelle des adolescents ?

L’éducation à la sexualité des adolescents doit être dispensée au collège (certaines familles ne l’abordant pas suffisamment). Elle devrait être du ressort de professeurs, d’infirmières ou de conseillers principaux d’éducation ayant suivi une formation spécifique et reconnue sur le sujet.

De même que pour la réponse précédente, les moyens mis à disposition pour l’éducation à la sexualité et la prévention pourraient être différents, hors du champ de l’enseignement classique, par des activités plus ludiques et plus participatives de la part des élèves.

Transports scolaires

Nous prônons la gratuité des transports scolaires pour les collégiens et lycéens. Leurs coût doit être pris en charge par le conseil général et le conseil régional. Une réorganisation des lignes et des horaires est indispensable pour répondre au plus près aux besoin des collégiens.

L’entretien et l’équipement des collèges

Le déploiement du plan numérique : Seriez-vous favorable à un grand débat avec les enseignants et les usagers des collèges,  afin d’appréhender, puis de traiter et de maitriser le rôle et l’utilisation de ces nouveaux outils ?

Oui, nous sommes favorables à la tenue de ce débat car ce plan numérique est pernicieux. Il permet notamment à la collectivité territoriale de s’immiscer de plus en plus dans le champ pédagogique, ce qui ne relève pas de ces attributions. Aujourd’hui, de nombreux collèges choisissent l’environnement de travail proposé par le Conseil Général pour la communication des notes, mais aussi du cahier de texte électronique. Sous couvert d’économies faites par l’EPLE qui n’auraient plus à payer un contrat avec une officine privée qui fournit le logiciel, il oriente peu à peu le bon usage de ces outils, les bonnes pratiques que les enseignants doivent observer. Le Conseil Général intervient aussi de plus en plus dans les actions et interventions éducatives menées dans les collèges. C’est lui qui propose aux chefs d’établissements les différents partenaires qui pourraient intervenir dans le cadre d’une campagne de prévention ou d’information (violence, justice, orientation…).

Sans refuser ces équipements et incitations, et sans rejeter bien sûr les partenariats possibles et intéressants avec la collectivité territoriale, c’est le bon sens professionnel des équipes pédagogiques qui doit prévaloir.

L’hygiène des sanitaires : Les sanitaires des collèges sont dans la plupart des cas dans un très mauvais état. Quelles actions pourriez-vous proposer pour sensibiliser les jeunes à l’hygiène de leurs toilettes ? Quelles solutions pour remédier à cet état de fait ?

Cette question est régulièrement abordée à l’échelle des établissements qui doivent être en mesure de mettre en place des actions de sensibilisation des élèves à l’hygiène. La solution de fermer les toilettes et de rendre l’accès non libre aux élèves est la pire solution qui est retenue par certains collèges. C’est une atteinte à la dignité des enfants et elle peut provoquer un problème de santé.

Le conseil général doit fournir les crédits d’entretien nécessaires. Pour l’entretien de l’établissement, y compris des toilettes, le conseil régional doit affecter le nombre de personnels nécessaire. Il est toutefois de la responsabilité de l’établissement scolaire d’assurer le nettoyage des toilettes de façon à ce qu’elles soient propres et utilisables.  Respecter les autres et le personnel fait partie de l’éducation.

Et votre participation?

A raison d’environ un conseil d’administration par trimestre et par collège, la prise en charge de 3 établissements par élu induit pour chacun des conseillers départementaux la participation à 9 réunions par an. Il est impératif que les conseillers départementaux remplissent la fonction pour laquelle ils seront été élus prochainement !

 

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