L’association La Ruche, première organisatrice d’événements dans le Val d’Oise est à l’origine du Festival World of Words, du Ruche Hour, ou encore du Festival B Side Reggae. Créée en 2003 avec la volonté de refléter la diversité culturelle de Cergy-Pontoise, c’est aujourd’hui partout dans le département qu’elle diffuse sa poudre culturelle et artistique. Convaincu que la culture soit un outil au service d’idées fédératrices et favorisant la mixité, l’association adhérente du COMBO 95 et de La Ligue de l’enseignement, travaille sur la transmission de pratiques artistiques et la diffusion culturelle. Alors, en attendant la dernière Scène Ouverte de l’année et le Cergy Warm Up 2017 les 15 et 21 juin prochains, entretien avec Hugues Bellego, chargé de développement culturel à La Ruche.
D’où est venue l’initiative : La Ruche ?
Hugues Bellego : La Ruche est créée en 2003 à l’initiative d’un collectif de personnes habitants Cergy, féru de sorties culturelles, investis dans le champ artistique de manière général, et conscient de la richesse culturelle de la ville. Donc La Ruche c’est avant tout une bande pote qui a voulu se mobiliser autour d’une association pour répondre aux manques de cette diversité de propositions. Il y a eu une volonté d’investir des lieux pas forcément conventionnels, d’avoir aussi des programmations musicales peu représentées dans les salles de musique actuelle.
Peux-tu nous présenter La Ruche ?
H.B : La Ruche c’est une association socioculturelle, avec une cinquantaine d’adhérents, qui développe des actions culturelles sur le territoire du Val d’Oise avec deux grandes vocations : la diffusion, afin de permette la culture partout et pour tous en favorisant la pratique émergente et amateur (Scènes Ouvertes, Soirée Slam, Apéro Concert …), et la pédagogie via des ateliers artistiques quasi-quotidiens, axés sur le public jeune/ados sur lesquels on déploie différentes pratiques (arts plastiques, musique, écriture, chant …) L’idée étant que ces deux volets communiquent entre eux, et qu’une synergie se créer entre la diffusion et la pédagogie. Par exemple, on a trouvé intéressant que les artistes émergents qu’on a pu programmer dans le cadre d’un événement passe du volet diffusion au volet apprentissage parce qu’il pouvait y avoir une demande ou que ça permettait d’appréhender différemment l’offre culturelle. On a donc proposé aux gens qu’on avait programmé de transmettre leur savoir-faire et on les a accompagnés à se professionnaliser. Typiquement, Guillaume passionné par le graffiti qu’on a associé à différents projets événementiels et qui est aujourd’hui à temps plein chez nous.
La volonté de créer ce genre de passerelle professionnelle était présente au départ ?
Non non. C’était vraiment une association 100% bénévole, une initiative citoyenne.
Alors, la volonté est-elle de permettre aux jeunes de découvrir une passion et pourquoi pas un corps de métiers ou plutôt d’enrichir sa culture et d’ouvrir toujours un peu plus son esprit ?
On est plutôt dans le deuxième cas de figure. On se revendique comme une association socioculturelle, si on est affiliés à la Ligue de l’enseignement c’est parce qu’on partage ses valeurs d’éducation populaire. Pour nous la pratique artistique c’est un moyen mais pas une fin en soi, donc l’idée c’est de toujours travailler les projets. Pour te donner un exemple, on est pas comme un club de football où tu as des licenciés à l’année avec entrainement tous les mercredis, chez nous les adhérents de l’association c’est les gens qui font vivre les projets de La Ruche, qui les accompagnent, et qui les mettent en oeuvre. Après les gamins que nous touchons dans les ateliers c’est en collaboration avec des structures socio-éducatives sur le territoire (maison de quartiers, services d’éducation spécialisé, collèges, lycées, universités …) avec lesquelles on travaille pour ensuite travailler avec le public qu’elles touchent, elles, au quotidien. Donc nous on intervient pour – et j’insiste sur le terme – co-construire un projet pédagogique qui utilise l’outil culturel à des fins éducatives.
Du coup, est-ce que l’on peut parler de combat ?
Oui, c’est un combat du quotidien.
Pourquoi ?
Parce que déjà on est sur des pratiques populaires qui ne sont pas vraiment reconnues dans le cursus culturel classique. Donc nous, on milite à la fois pour la reconnaissance de ces mouvements et les légitimiser. Pour être plus claire, la culture hip-hop notamment, sur laquelle on est très actifs, à encore beaucoup de mal à être reconnu alors que tous les « mass-médias », le marketing, et les mouvements, y compris musicaux, ont repris à leur manière les codes de cette culture.
Quatorze ans. L’association connaît une certaine longévité, le bilan est-il : Bon ? Très bon ? Pas bon ?
Je te dis qu’il est bon. Mais je te dis aussi qu’il faut être vraiment vigilant et que ce qui fait la longévité d’une association c’est bien évidemment la pertinence de son projet et l’écho qu’il peut trouver au sein du territoire et de ses habitants.
D’ailleurs, existe-t-il d’autres domaines d’activité que l’association n’ait pas encore exploité pour continuer à faire grandir son action ?
Justement, la volonté c’est pas forcément de grandir, mais c’est de faire bien ce qu’on fait. C’est d’arriver à pérenniser l’association parce que c’est encore très compliqué. On est sur une précarité toujours effective aujourd’hui malheureusement. Mais cela concerne encore la majorité du domaine associatif. Quand on parlait de combat tout à l’heure, ça c’est un combat du quotidien afin que le projet continu de résonner avec son territoire, et qu’il reste pertinent.