La ligue de l’enseignement , un acteur politique !
Lors du dernier Congrès de la ligue de l’enseignement à Strasbourg, il y a trois ans, la rapporteur.e , Nadia Bellaoui, ouvrait la réflexion sur la citation de A. Gramsci, « Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et dans ce clair obscur, les monstres peuvent surgir ».
Force est de constater que notre société traverse effectivement une période de multiples transitions parfois brutales. Les crises économiques, sociales, écologiques et donc politiques, remettent en questions la gouvernance, le modèle économique et le projet de nombreux corps intermédiaires, à commencer par le mouvement d’Education Populaire et le réseau d’entreprises de l’ESS associatives qu’est la ligue de l’enseignement.
Les militants, adhérents, usagers de la ligue de l’enseignement du Val d’Oise ont, dès les premières consultations préparatoires à la question de Congrès 2019, affirmé unanimement que nous avions les clés de la construction de ce nouveau monde et que « Faire société pour faire République ! », nécessite avant tout de redonner l’envie à toutes et à tous de vivre ensemble et pour ce faire de donner à chacun les moyens d’agir avec les autres.
La défiance envers la démocratie représentative a mobilisé une part importante de citoyens en colère sur les ronds-points pendant de longues semaines. La ligue, mouvement d’Education populaire dont le projet fondateur s’inscrit dans la formation du citoyen, doit donc prioritairement s’attacher à redynamiser la démocratie. En premier lieu nous devons, susciter, accompagner, la création de collectifs ou d’associations locales, pour structurer et organiser la société civile afin qu’elle élabore et administre aux côtés des pouvoirs publics des activités d’utilité sociale et d’intérêt général. Accompagner les citoyens pour qu’ils produisent ensemble les biens et les services (sociaux ou non) dont ils ont besoin, sera notre priorité.
Une des clés de la construction de ce nouveau monde qui tarde à apparaître, est vraisemblablement le changement du paradigme économique dominant qui s’appuie sur la propriété individuel le et les principes du marché. Retrouver l’envie d’agir collectivement suppose de construire la confiance et de développer la solidarité, plus que la concurrence et la compétitivité. L’entreprise associative non lucrative gouvernée démocratiquement, qui redistribue équitablement entre les usagers et les acteurs, toutes les formes de richesses créées qu’elles soient sociales, culturelles ou financières, ouvre des pistes concrètes aux exigences et aux besoins de transformation sociale.
Les réflexions de la ligue de l’enseignement sur la nécessité de faire vivre une laïcité basée sur la tolérance, le respect des différences et la liberté de conscience sont évidemment convoquées sur ce chantier d’avenir.
Les militants de la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise ont particulièrement souligné dans nos débats préparatoires, la nécessité de :
- Former des animateurs pour qu’ils conçoivent et mettent œuvre sur les temps scolaires, périscolaires, mais aussi des vacances, des projets pédagogiques qui favorisent la prise de conscience, l’autodétermination et le partage des savoirs et des connaissances, ingrédients nécessaires au renforcement de l’engagement au service de l’intérêt général
- Ouvrir et entretenir des espaces et des moments de frottement, d’échanges et de réflexions collectives pour développer l’action collective et améliorer les conditions de vie collective.
- Réintégrer dans nos instances d’administration et dans notre réseau d’acteurs associatifs la population des quartiers populaires et notamment les jeunes.
- Moderniser nos actions pédagogiques interactives par convention avec l’Education Nationale pour améliorer l’accès à toutes et tous aux connaissances et aux savoirs.
- Former les générations montantes à l’appropriation des outils numériques en cultivant leur liberté individuelle et leur esprit critique.
- Faire la preuve par la conduite de projet d’entreprises associatives que les principes de l’ESS ( Loi ESS 2014) constituent les bases d’une société plus égalitaire et fraternelle.
- Développer la vie associative pour améliorer l’accès aux savoirs et aux différentes cultures pour réduire les fractures sociales, économiques et territoriales.
- Réhabiliter le partenariat et la coopération avec les pouvoirs publics pour produire les réponses sociales ou sociétales dont ont besoin les habitants sur leur territoire.
La ligue de l’enseignement est donc bien un acteur politique qui doit mettre en cohérence tous ces idéaux et les objectifs opérationnels qui en découlent, au service de la préservation de la diversité biologique, de la lutte contre le dérèglement climatique et de la préservation de l’environnement et de la répartition équitable des richesses créées collectivement.
Le développement social et économique de nos sociétés occidentales, repose sur une logique de croissance infinie, or les ressources naturelles nécessaires à la production sont irrémédiablement finies.
Nous devons urgemment mettre toutes notre force et notre vigueur de mouvement d’Education Populaire, d’entreprise de l’ESS et de fédération d’associations, dans la transformation de nos modes de production, distribution et consommation car le délai qui nous est imparti pour installer un développement durable et raisonnable est très court.