Loin des indicateurs de performance et des appels à projets, la soirée organisée par le Collectif des associations citoyennes le 24 janvier à Paris était rafraîchissante ! Deux invités exposaient le mode de financement des associations d’éducation populaire au sein de la communauté francophone belge. Les exposés de Quentin Mortier, co-directeur de la fédération d’économie sociale SAW-B, et de Jennifer Neilz, responsable du pôle éducation populaire au sein de la fédération des employeurs Fesefa, avaient de quoi faire rêver les dizaines de participants, tous acteurs associatifs à la conférence-débat.
En effet, l’utilité sociale et culturelle des associations d’éducation populaire, y compris leur rôle pour développer l’esprit critique, est inscrite dans la législation (par décret, équivalent à la loi en France). Pour ce faire, l’autorité publique de la région Wallonie-Bruxelles verse une subvention pluriannuelle. En retour, la puissance publique vérifie juste que l’association (280 sont ainsi aidées) pratique bien régulièrement ses activités, en lien avec les objectifs prévus par la loi : animation socio-culturelle, formation, production de savoirs associatifs, campagnes grand public. Tous les cinq ans, l’association est invitée à produire une auto-évaluation, centrée sur le sens et la valeur des actions menées en rapport avec la loi. Autrement dit, voilà garanti un financement public pérenne, sans main mise sur les choix et orientations de la structure.
Nuages européens
La Belgique n’échappe cependant pas aux injonctions du marché et des critères européens sur la dette publique, très importante dans le pays. Un décret de 2019 considère maintenant les associations comme des entreprises lambda – gestion des faillites et responsabilité des administrateurs à la clé.
Dans ce contexte, les deux invités reconnaissaient des tendances négatives pouvant altérer le mode de financement sécurisé des associations, tel qu’ils le décrivaient. Mais pour l’instant, le secteur de l’éducation populaire semble échapper à ce vent mauvais.
Cette séance de l’Université des savoirs associatifs s’inscrivait dans le cadre de l’Observatoire citoyen de la marchandisation des associations et de son travail sur les pistes de « démarchandisation ». Voir ici son actualité ici.