Bien vouloir

© Benoît Debuisser

« Vous arrive-t-il de donner du temps gratuit pour les autres ou pour une cause ? » Voilà comment Recherches & solidarités et l’Ifop ont enquêté sur le bénévolat des Français en 2024. L’enquête, réalisée entre février et avril, confirme d’abord l’importance de ce volontariat. On compte 12,5 millions de bénévoles et parmi eux, plus de 5 millions donnent de leur temps chaque semaine, soit environ 10 % de la population. Mais l’étude apporte quelques surprises, notamment la recomposition des tranches d’âge. « Les 25-34 ans prennent la tête avec un taux d’engagement de 30%, devançant nettement les plus de 70 ans qui affichent un taux d’engagement de 24% en 2024 (contre 34% en 2019) », écrivent les experts. Ils ajoutent que « les 50-59 ans interpellent avec un taux de 18% seulement en 2024 ».

La fracture sociale s’accentue : 15% des bénévoles associatifs n’ont pas le bac, contre 33% qui disposent d’un diplôme universitaire. En matière de motivation, la volonté d’être utile est la première citée. L’épanouissement personnel, qui était placé au 2e rang il y a cinq ans, est devancé en 2024 par la défense d’une cause et les enjeux sociétaux.

L’étude relève que les difficultés à renouveler les instances dirigeantes sont souvent exprimées. L’accès aux responsabilités est d’ailleurs une motivation moins citée. « Serait-ce le signe d’un manque d’attractivité des modes de gouvernance les plus répandus : la recherche de nouvelles pratiques plus horizontales, plus participatives ? » s’interrogent les auteurs.

Quant au manque de moyens, corrélé aux effets limités des actions, plus souvent exprimé que lors de l’étude précédente de 2019, il peut s’interpréter de deux façons opposées : une plus grande ambition des bénévoles ou une déception plus affirmée qui peut conduire certains au découragement.

 

Des citoyens engagés

Donnons une dernière fois la parole à l’équipe de l’étude : « Être bénévole, c’est avant tout être un citoyen engagé, pour la majorité des sondés (58%). C’est aussi, à 41%, quelqu’un qui se veut acteur. Avec le terme militant (12%), ces trois définitions sont les seules en nette augmentation en 2024, par rapport à 2019.

Les bénévoles signent ainsi leur intérêt pour les affaires du monde et le rôle important de la société civile dans les affaires publiques. L’association est devenue un lieu où s’exprime l’engagement citoyen. C’est aussi un espace dans lequel on trouve, le plus souvent, plaisir et épanouissement.

Se considérer avant tout comme un citoyen engagé : n’est-ce pas, aussi, un utile contre- pied au pessimisme ambiant ? » Voir l’étude ici.

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